Entre reprise, innovation et Big data

L’histoire d’Audry Larocque

Vendredi 7 avril 2017
Entrepreneur en série, Audry Larocque a déjà cofondé deux entreprises lorsqu’il décide, en février 2013, de reprendre iPerceptions, une entreprise qui se spécialise dans le diagnostic client en traitant une grande quantité de données. L’homme d’affaires aborde les enjeux de la reprise et l’avenir des mégadonnées.

Audry Larocque est devenu entrepreneur pour vivre sa passion, celle de créer et de contribuer à faire avancer les choses. En 2000, alors qu’il est encore étudiant à l’Université du Québec à Trois-Rivières, il fonde une première entreprise, Cilys, qui sera acquise par Openwave Systems en 2005. En 2007, il lance Neuralitic, une société axée sur l’analyse des expériences utilisateurs dans les réseaux de données mobiles, analyse qui constituera le cœur des activités de l’entrepreneur québécois.

Écouter un extrait de l’entrevue avec Audry Larocque.

Reprendre et entreprendre

Au tournant des années 2010, Audry Larocque décèle un fort potentiel dans iPerceptions, dont il bouleversera plus tard les habitudes et les façons de faire. La firme concentre ses activités sur le marché de l’expérience client et de l’utilisateur numérique, secteur que l’entrepreneur connaît bien et dans lequel il est alors actif depuis plus de 10 ans. Audry Larocque s’investit dans iPerceptions par un processus de rachat et de privatisation mené avec ses deux partenaires XPND Capital et Telesystem.

Durant ses premiers jours à la tête de l’entreprise, le nouveau président rencontre chaque employé. « Dans le cadre d’une reprise, l’équipe est primordiale, précise Audry Larocque. Je voulais connaître leurs attentes et leurs aspirations, et dissiper leurs craintes. »

Ensuite, il part visiter tous les clients de la firme afin de cerner les besoins de chacune, de comprendre la façon dont les services d’iPerceptions sont utilisés et de présenter les nouvelles orientations de cette dernière. L’objectif est alors de dépasser les attentes des clients.

À l’issue de ce processus qui durera quatre mois, Audry Larocque et ses partenaires Marc Tremblay et Derek Zakaïb se mettent à élaborer un nouveau plan d’affaires tout en repositionnant l’entreprise et en reformulant l’offre de services. Une dizaine de mois après son rachat, iPerceptions trouve un second souffle. Le chiffre d’affaires se multiplie par trois dès la première année et il progressera ensuite de 40 % chaque année sous la gouverne d’Audry Larocque.

Reprise et innovation

Dans un marché très concurrentiel, l’innovation est au cœur de la démarche de reprise. « Dans mon parcours, c’est un peu ma signature. Tant le branding et le positionnement que la technologie requièrent des investissements porteurs — des investissements dans le produit lui-même ainsi que dans les technologies qui lui sont associées. »

La vision du repreneur doit lui permettre de se démarquer de sa concurrence. Il doit miser sur ses produits forts et les pousser vers d’autres horizons.

Selon Audry Larocque, iPerceptions était une spécialiste du diagnostic client. « Nous étions sans cesse en train de scruter le passé pour mieux comprendre l’avenir. En développant notre technologie Active RecognitionMC, nous sommes devenus capables de déceler les intentions sans avoir à sonder les clients. En d’autres termes, notre algorithme nous permet de prédire les comportements de l’utilisateur avec précision. » La firme ne fonctionne donc plus sur le mode diagnostic, mais plutôt en temps réel. 

Afin de protéger son procédé innovant, iPerceptions a déposé 13 brevets pour la technologie Active RecognitionMC seulement. « La société n’avait aucun brevet avant que nous la reprenions. Elle en possède désormais 22 », souligne son président.

« La reprise, c’est un enjeu majeur. À l’heure où près de 10 000 entreprises sont menacées, nous redonnons vie à des sociétés et apportons de la nouveauté. Reprendre une entreprise, c’est toujours un beau défi. »

Mégadonnées et perspectives d’avenir

L’entreprise d’Audry Larocque traite un grand volume de données. Autrefois obscure, la tendance des mégadonnées est aujourd’hui bien présente dans la culture d’entreprise. Le tri, l’organisation, la préparation, le traitement analytique et l’intégration des données font partie du quotidien de nombreuses firmes. Toutefois, Audry Larocque nuance la portée de ces activités souvent décrites comme une panacée : « Les mégadonnées, ce n’est pas nécessaire pour toutes les entreprises. Cela implique des technologies qui coûtent très cher en ressources humaines ou en serveurs. Je mets en garde les jeunes entrepreneurs contre son utilisation à tous crins. »

« Les mégadonnées permettent à des produits de devenir intelligents. Ces outils de sophistication et de simplification ont toutefois des coûts qui ne doivent pas être pris à la légère. »

Audry Larocque

Ainsi, seulement 28 % des entreprises retirent une valeur stratégique de leurs données. Des solutions pour rentabiliser celles-ci? Selon l’entrepreneur québécois, en nettoyant les données, l’intelligence artificielle pourrait permettre de rentabiliser l’activité en la rendant plus accessible.

Audry Larocque recommande aux jeunes entrepreneurs de se tourner vers des plateformes qui tendent à démocratiser les outils associés aux mégadonnées. « Je pense notamment à Element AI, une entreprise montréalaise qui souhaite pallier l’absence à l’interne d’un mathématicien, d’un spécialiste en apprentissage automatique (machine learning) ou en base de données en proposant une architecture de solutions. »

iPerceptions en chiffres

  • 85 : le nombre d'employés d'iPerceptions
  • 120 : le nombre de clients de la société
  • 1 milliard: le nombre de sondages réalisés par la firme dans 240 pays
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