ÉAU : sur la voie de l’autonomisation alimentaire

L’histoire d’Émilie Nollet

Vendredi 11 août 2017
Si certains entrepreneurs font le grand saut pour conquérir le monde des affaires, Émilie Nollet et son partenaire Olivier Demers-Dubé ont créé ÉAU en septembre 2015 animés par un sentiment de responsabilité sociale. Gros plan sur une entreprise qui s’attaque à l’insécurité alimentaire en alliant aquaponie et technologie.

ÉAU (Écosystèmes Alimentaires Urbains) met à profit l’aquaponie, une technique qui permet de produire des fruits, des légumes et des poissons tout au long de l’année dans un circuit fermé. Les excréments des poissons, riches en éléments nutritifs, aident les plantes à pousser, tandis que ces dernières purifient l’eau des poissons. La boucle est bouclée.

Cette technique, qui a gagné en popularité dans la dernière décennie, est employée par les deux entrepreneurs comme un outil d’autonomisation alimentaire pour différentes communautés. Ils visent autant celles en situation d’insécurité alimentaire dans le Nord-du-Québec que celles des déserts alimentaires montréalais, ces zones où les habitants n’ont pas accès à des aliments frais dans un rayon de moins de deux kilomètres.

Graphique sur le Cycle de l'Aquaponie.

Crédit illustration : ÉAU

La place Shamrock, près du marché Jean-Talon à Montréal, a d’ailleurs accueilli à l’été 2016 la première ferme aquaponique verticale mise sur pied par ÉAU au Québec.

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Un match professionnel

Émilie Nollet a fait la rencontre d’Olivier Demers-Dubé dans les studios de la radio montréalaise CIBL. Ils ont instantanément ressenti une connexion professionnelle et reconnu chez eux des valeurs convergentes.

Tous deux sensibles aux enjeux du développement durable et de l’alimentation, ils ont réfléchi à un projet d’entrepreneuriat commun. Mais avant de se lancer en affaires, de partager une vision et de travailler un grand nombre d’heures ensemble, Émilie Nollet et Olivier Demers-Dubé ont mis leur relation d’affaires à l’essai. Pendant quelques mois, ils sont allés prendre des cafés deux fois par semaine. « On appelle ça du dating professionnel », ricane Émilie Nollet, qui ajoute que ces séances leur ont permis de vérifier plusieurs éléments pratiques pour bien travailler en équipe.

Une composante sociale forte

« On a grandi dans des familles exceptionnelles. On a tous les deux reçu une super éducation et on s’est dit que nos idées pourraient servir à améliorer le monde », lance Émilie Nollet.

La jeune femme au parcours éclectique cumule les diplômes : littérature au cégep, géographie et langues au baccalauréat, études organisationnelles à la maîtrise. Elle termine présentement un doctorat en administration des affaires.

Malgré cela, elle admet apprendre la gestion d’entreprise sur le tas, au fur et à mesure que son projet avance. « Mes études et celles de mon partenaire nous permettent de trouver des réponses supplémentaires aux questions que nous nous posons en gérant notre entreprise. Ça crée une valeur ajoutée », fait-elle remarquer.

Facile de conjuguer études et entrepreneuriat? « Je ne vais pas mentir, c’est extrêmement difficile. Ça prend beaucoup de rigueur. L’astuce, c’est de combiner des tâches associées à l’entreprise avec les études », explique-t-elle.

Mais Émilie Nollet et Olivier Demers-Dubé sont de bons élèves. Les deux entrepreneurs ont remporté plusieurs prix et concours en entrepreneuriat. Ils ont d’ailleurs fait leurs premières armes dans l’incubateur de l’Institut d’entrepreneuriat Banque Nationale – HEC Montréal. « Ça a turbopropulsé notre idée d’affaires », souligne Émilie Nollet en ajoutant que l’expérience leur a permis d’affiner leur modèle d’affaires.

« Il y a des entreprises qui ne font que penser au profit, mais ÉAU a un plan d’affaires solide qui se tient et qui va générer des profits en plus de produire un grand impact social. On a décidé de faire des affaires non pas au détriment de l’environnement et des communautés, mais plutôt en leur faveur. »

Émilie Nollet

Plusieurs fermes ÉAU sont maintenant en chantier dans une dizaine de communautés au Québec. « On est encore en mode start-up », reconnaît la cofondatrice.

Plante poussant dans un cycle d'aquaponie.

Crédit photo : ÉAU

ÉAU veut implanter ses installations dans la Belle Province avant de considérer d’autres marchés. Mais l’entreprise est déjà allée tâter le pouls en Chine et en Allemagne. « Il y a des gens dans plusieurs pays dont la réalité justifie le recours à l’aquaponie. On est en train de développer un réseau international », mentionne Émilie Nollet, qui poursuit en disant avoir reçu une reconnaissance de la tangente sociale de son entreprise. Un velours pour une entrepreneure qui veut faire bouger les choses tant sur le plan social qu’entrepreneurial.

ÉAU en chiffres

4 : le nombre d’employés à temps plein
150 : le nombre d’espèces de plantes pouvant être cultivées grâce à l’aquaponie
80 : le pourcentage d’économie d’eau que permet l’aquaponie par rapport à l’agriculture traditionnelle

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