Être entrepreneur: l’analogie avec une équipe sportive professionnelle

Le billet de Sébastien Savard

Mercredi 2 août 2017
Sébastien Savard est entrepreneur et président de Sourcinc.

Avant de me lancer en affaires, j’ai travaillé pour de grandes entreprises. Reconnu comme un expert dans mon domaine, j’occupais de beaux postes, je donnais des conférences, je voyageais pour les affaires, j’avais de bonnes conditions de travail. Ma carrière progressait bien, j’en maîtrisais tous les aspects, j’étais un jeune professionnel qui avait le vent dans les voiles... Mais je voulais essayer quelque chose, je voulais passer dans les ligues majeures. Ma conjointe était enceinte et nous venions de faire l’achat d’une nouvelle maison quand ma patronne de l’époque m’a offert une promotion : j’ai trouvé que le moment était parfait pour dire non, pour démissionner et pour me lancer en affaires.

Mon constat était simple. La crainte de regretter n’avoir jamais osé me lancer en affaires était maintenant devenue plus forte que celle de me lancer et de peut-être échouer.

 C’est ainsi que Sourcinc est née!

La recrue

Dans les premiers jours, on doit s’occuper de tout (on n’en a pas le choix quand on est seul). Je m’occupais donc de la finance, du marketing, des ventes, des TI… du ménage. Comme une recrue à ses premiers matchs, on doit aussi, à cette étape, prendre des risques pour se faire remarquer. Avec le démarrage de Sourcinc, je me lançais dans une industrie mûre, mais avec un concept complètement différent et jamais testé : je voulais révolutionner l’industrie. Les vétérans pouvaient demeurer sceptiques, mais j’avais la ferme intention de réussir. La recrue que j’étais jouait dans la cour des grands, sans plan B. 

Quelques mois plus tard, j’avais déjà des victoires et de bonnes statistiques à mon actif. Je goûtais à la croissance! Je devais ensuite assumer l’un des rôles les plus importants de l’entrepreneur : le dépistage et l’embauche de talents de haut niveau.

Le dépisteur

Ah oui, je ne l’ai pas encore mentionné : je suis un recruteur et l’entreprise que j’ai lancée, Sourcinc, est spécialisée dans le repérage de talents sur le Web et dans les réseaux sociaux. Donc, en principe, embaucher des personnes pour mon entreprise ne devrait pas être un problème puisque je suis un professionnel du recrutement. Mais bon sang que c’est difficile de le faire pour soi-même! J’ai toujours recruté pour d’autres. Embaucher un directeur artistique en Australie pour le Cirque du Soleil me paraissait maintenant tellement plus simple que de trouver mon premier employé pour Sourcinc! Lorsqu’on est entrepreneur, le choix de son équipe doit être une priorité et demeure la clé du succès. On doit aller chercher les meilleurs joueurs sur le marché. Comme beaucoup d’entrepreneurs, j’ai commencé par embaucher des personnes que je connaissais dans l’industrie. Voilà une pratique sûre que je recommande. (Je suis d’ailleurs allé chercher mon ancienne patronne, celle-là même qui m’avait offert la promotion que j’avais déclinée.)

Le capitaine

Après un certain temps, lorsque l’équipe commence à prendre forme, le rôle de l’entrepreneur s’apparente beaucoup à celui du capitaine d’une équipe sportive. Il doit diriger en donnant l’exemple : il doit faire le travail, se retrousser les manches et prendre les devants pour motiver l’équipe à le suivre dans l’aventure. L’entrepreneur doit être le joueur des grandes occasions, mais aussi gérer l’adversité et encaisser les coups plus difficiles. Tel un leader précurseur, il s’attend à l’excellence et à l’autonomie de son équipe, tout en restant dans l’action. Porter le « C » confère de grandes responsabilités.

L’entraîneur

L’entrepreneur, tout comme l’entraîneur, travaille sous pression. Il ne maîtrise pas pleinement tous les éléments d’un match, il doit être un fin stratège et parfois rester au-dessus de la mêlée pour prendre des décisions rapides et souvent difficiles. « You can’t be common, the common man goes nowhere; you have to be uncommon », disait l’entraîneur Herb Brooks 

L’entrepreneur doit faire avancer son organisation au fil du temps et de l’adversité sans perdre le cap. Il doit prendre soin du développement et de la progression de son équipe, adapter sa gestion aux individus et aux ressources à sa disposition afin de maintenir la performance, mais aussi le plaisir.

Le DG

La veille économique, c’est la collecte, le traitement et la diffusion de l’information utile à l’entrepreneur pour exploiter son entreprise et rester à l’affût de ce qui se passe dans le marché pour constamment innover. En gros, comme un DG sur le marché des joueurs autonomes, il faut connaître les prochaines avancées sur le marché pour rester dans le coup, surtout quand il est question de technologie. Celle du recrutement évolue rapidement et, comme recruteurs, nous sommes perçus comme les chasseurs de têtes du futur, nous devons donc agir comme tels. Le directeur général du club doit être celui qui possède le plus de contacts dans la ligue.

Le propriétaire

Avec l’entrepreneuriat viennent aussi plusieurs décisions d’affaires concernant le choix du type d’entité, les états financiers, les budgets, le plan d’affaires, en plus de la gestion quotidienne des affaires de l’entreprise. Chacun ayant sa spécialité, je recommande de bien s’entourer (avocats, fiscalistes, comptables) tout en continuant de s’intéresser aux divers aspects de l’entreprise pour mieux les comprendre et ainsi s’assurer de la saine gestion de ses affaires. Après tout, vous en êtes aussi le propriétaire.

Maintenant, il ne vous reste plus qu’à gagner le championnat! Qu’attendez-vous?