V Kosmetik: diversifier l’industrie du maquillage une nuance à la fois

L’histoire de Vickie Joseph

Vendredi 25 février 2022
Il était une fois, une femme noire qui ne trouvait pas sur les étagères des produits de beauté qui étaient conçus pour elle et les besoins particuliers de sa peau. Cette prémisse n’est pas étrangère à plusieurs personnes issues de la diversité, comme Vickie Joseph. En fondant V Kosmetik, l'entrepreneure montréalaise a jugé qu’il était grand temps de réécrire l’histoire des personnes laissées pour compte par l’industrie du maquillage.

« Il y avait un manque sur le marché. Il y a quelques années, on n’était pas capable de trouver des produits qui nous représentaient et qui étaient faits pour nous ». C’est pour répondre à cette absence flagrante dans les grands magasins que Vickie a voulu nuancer l’offre de produits de beauté. Depuis 2017, V Kosmetik comble le manque de nuances de l’industrie en proposant une multitude de teintes pour s’agencer à toute une palette de couleurs de peau.

SE LANCER EN ENTREPRENEURIAT QUAND PERSONNE NE NOUS RESSEMBLE

Vickie, comme bien des femmes noires en Amérique du Nord, ne connaissait pas de figures entrepreneuriales qui lui ressemblaient en grandissant. C’est dans son téléviseur qu’elle a trouvé sa source d’inspiration : Oprah Winfrey. Cette rareté de modèles est évocatrice du parcours souvent atypique, ardu et solitaire que les femmes, particulièrement les femmes noires, doivent emprunter en entrepreneuriat.

« J’ai dû me battre presque toute seule pour paver le chemin. À chaque étape, je prenais de la place et je pouvais en amener d’autres avec moi. »

Il faut dire que la naissance du projet entrepreneurial de Vickie a commencé à la suite d'une perte d'emploi pendant sa grossesse, une situation qu'elle a vécu difficilement.

Frantz Saintellemy, son mari et son partenaire d’affaires du Groupe 3737, un point d'ancrage qui priorise la diversité et l'inclusion pour les personnes qui se lancent en affaires, a réveillé le feu entrepreneurial qui sommeillait en elle. « C’est mon mari et les gens de mon entourage qui m’ont aidée à avoir confiance en moi ».

LA CONFIANCE: LE NERF DE LA GUERRE

Au moment de faire le grand saut en entrepreneuriat, Vickie n’avait pas la même assurance qu’elle a aujourd’hui. « J’avais extrêmement peur, j’étais nerveuse, je n’avais pas confiance en moi. J’étais influencée par le climat de la société, ça m'affectait énormément ».

« C’est pour cette raison que je veux aider autant de femmes. Si j’avais connu des femmes entrepreneures qui auraient pu me donner les bons outils, je me serais rendue beaucoup plus loin, beaucoup plus vite ».

C’est au fil des rencontres et des victoires personnelles que Vickie a pu bâtir sa confiance, petit à petit. Prendre conscience que les femmes étaient heureuses de voir une entreprise comme V Kosmetik qui les représentait, qui parlait pour elles, en est pour beaucoup. « Le simple fait d’être une femme point, oublions le mot diversité, être une femme et être en affaires, c’était exceptionnel! ».

Si Vickie avait un conseil à se donner, lors de ses premières années en affaires, c’est justement de se faire confiance. « Suivre son gut feeling en tant que femme d’affaires à la tête d’une entreprise. On le sait mieux que n’importe qui ».

FAIRE SES DEVOIRS POUR CROÎTRE

Cette confiance en soi est primordiale pour bien gérer la croissance de son entreprise selon Vickie. Il faut également connaître son marché, faire ses recherches et étudier continuellement sa clientèle. « Tu ne peux pas croître sans t’entourer des bonnes personnes, sans avoir un bon plan et sans faire d’études! ».

La fameuse étude de marché n'est pas une étape à cocher et à reléguer aux oubliettes. « Il faut constamment demander à sa clientèle ce qu’elle veut, ce dont elle a besoin, si elle éprouve un problème ou un manque ». Prendre le pouls du marché est d’autant plus important quand il est question de croître vers un nouveau territoire. Comme le résume Vickie : « il faut faire ses devoirs ».

Bien qu’il soit nécessaire d’établir un plan de croissance sur trois à cinq ans, il faut pouvoir demeurer agile. Les priorités de V Kosmetik ont changé avec les années. « Mon modèle d’affaires est toujours en évolution, tout en conservant la mission de combler les besoins des groupes qui sont mal desservis ». Elle cite en exemple les personnes atteintes d’un grave problème de peau comme le vitiligo ou d’un handicap particulier.

FAIRE FACE À L’INÉVITABLE

Cette agilité a d’ailleurs permis à V Kosmetik de traverser la pandémie, alors que son chiffre d’affaires a chuté de 70 % durant le premier quart de 2020. Inévitablement, le port du masque, le télétravail et les fermetures ont rendu le maquillage beaucoup moins populaire de même que les magasins où en faire l’achat.

« On travaille sur des applications et des innovations en intelligence artificielle pour permettre à notre clientèle de magasiner encore mieux en ligne ».

L’autre grand défi des prochaines années qui ne peut pas être passé sous silence, tant pour V Kosmetik que pour l’ensemble de l’industrie, est l’écoresponsabilité du maquillage. « Le nombre d’emballages de produits que l’on jette et qui ne peuvent pas être recyclés est un grand défi collectif ».

Tant de défis que Vickie pourra affronter avec toute l’assurance, la compréhension du marché et l’empathie pour les personnes sous-représentées qu’on lui connaît. C’est la beauté de l’entrepreneuriat : un parcours tout en nuances nous prépare toujours mieux à l’adversité.

L’ENTREPRISE EN CHIFFRES

150 : le nombre de produits proposés en maquillage et soins de la peau

52 : le nombre de nuances disponibles pour s’agencer aux différentes couleurs de peau

2,5 millions : la somme en dollars investis en recherche et développement

30 % : le pourcentage d’augmentation du chiffre d’affaires en 2021

6 : le nombre de pays dans lesquels V Kosmetik est présent

10 : le nombre de personnes dans l’équipe

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