Miralis: stimuler l’innovation sur la chaîne de production

L’histoire de Daniel Drapeau

Vendredi 6 septembre 2019
Daniel Drapeau chérissait depuis son plus jeune âge le rêve de devenir entrepreneur et s’était même fixé des objectifs précis pour le concrétiser. L’occasion de se lancer s’est présentée en 2009 quand il a pu reprendre une entreprise près de Rimouski. En dix ans, il a réussi à doubler le chiffre d’affaires de celle-ci.

La fibre entrepreneuriale de Daniel Drapeau a toujours été présente. « À 15 ans, j’avais mis sur pied un magasin dans lequel je vendais des articles de sport », se remémore-t-il. Il savait déjà qu’il posséderait un jour sa propre entreprise et qu’il retournerait dans sa région natale du Bas-Saint-Laurent. Il s’était toutefois lancé trois défis professionnels pour arriver à ses fins : apprendre l’anglais, acquérir une expérience solide en gestion et brasser de grosses affaires. Pendant une dizaine d’années, il a donc travaillé pour le fournisseur de services de télécommunications TELUS à Montréal.

Entendre l’appel

Cuisine Miralis

Les années se sont écoulées, mais l’idée qu’il cherchait pour se lancer dans les affaires ne lui est pas venue, ni le sentiment d’être prêt à le faire. À l’approche de son 30e anniversaire, ayant déjà relevé ses trois défis personnels, il a commencé à exprimer à son entourage son désir de revenir dans le coin de Rimouski.

« Un de mes amis m’a parlé de Miralis et de son propriétaire Jean-Paul Lauzier, qui était alors dans la soixantaine et qui cherchait des successeurs pour reprendre son entreprise de fabrication d’armoires de cuisine à Saint-Anaclet-de-Lessard », se souvient-il. Il a pris le temps de bien réfléchir à cette occasion qui se présentait à lui, notamment parce qu’elle impliquait un déménagement.

« Après mon expérience dans le secteur plus abstrait des télécommunications, j’avais également envie de m’investir dans une organisation qui construit quelque chose de concret », souligne Daniel Drapeau. Il est donc rentré au bercail et, en janvier 2007, il a commencé à travailler à titre de directeur général à Miralis, où il a appris les rudiments d’un métier qu’il ne connaissait pas.

Un repositionnement payant

Au moment de prendre sa retraite deux années plus tard, le propriétaire de Miralis a confié la barre de l’entreprise à Daniel Drapeau et à quatre autres employés. Entre-temps, l’équipe de direction avait commencé à réfléchir à l’avenir de Miralis puisque le contexte économique ne lui était pas favorable.

« Nous avons pris la décision audacieuse de nous départir du volet des composantes d’armoires de cuisine, qui générait 70 % de notre chiffre d’affaires, mais qui n’était pas associé à une marque, raconte Daniel Drapeau. En parallèle, nous développions la conception d’armoires de cuisine, qui correspondait à 30 % de notre offre. »

Ce virage, pris vers 2010, reposait sur une réflexion stratégique. « Les composantes n’offraient pas d’opportunité d’innovation, contrairement aux cuisines dont les possibilités pratiquement illimitées nous permettaient d’explorer divers styles. » L’avenir leur a donné raison, puisque ce créneau a dès lors affiché un taux de croissance annuel composé de 16,5 %.

À la même époque, les dirigeants ont aussi remarqué une tendance consistant à concevoir des cuisines contemporaines qui, sauf exception, ne s’observait pas encore en Amérique du Nord. « Nous avons été les premiers à proposer une offre intégrée, et les Québécois ont été les premiers à adopter ces cuisines. Elles représentent maintenant 60 % de nos cuisines. »

Au-delà du mot « innovation »

Daniel Drapeau et les autres dirigeants de Miralis ont aussi voulu faire de l’innovation le moteur de la croissance de l’entreprise. Pour cela, il fallait faire plus qu’ajouter cette idée à ses valeurs. Une équipe de recherche et développement a donc été formée.

« Il faut être une sorte de monstre à deux têtes pour que, d’un côté, une équipe veille au rendement de nos activités quotidiennes grâce auxquelles nous finançons nos projets d’innovation et que, de l’autre, des personnes se penchent sur notre avenir. »

« Il faut être une sorte de monstre à deux têtes pour que, d’un côté, une équipe veille au rendement de nos activités quotidiennes grâce auxquelles nous finançons nos projets d’innovation et que, de l’autre, des personnes se penchent sur notre avenir. »

Daniel Drapeau

Les dirigeants ont aussi mis en application le principe d’innovation « 36-2-1 » pour mesurer annuellement le degré d’innovation de Miralis. « Chaque année, nous accomplissons 36 évolutions de produits et nous présentons deux innovations qui suivent ou améliorent une tendance et qui génèrent du volume, explique-t-il. Enfin, nous introduisons une invention sur le marché que nos concurrents n’offrent pas et nous osons la commercialiser. »

Cette mesure plaît bien aux détaillants privilégiés de Miralis qui s’assurent ainsi un avenir sous le signe de l’innovation, année après année. « À leurs yeux, nous sommes des précurseurs de tendances et nous tentons toujours d’interpréter celles-ci de façon logique afin qu’elles ne se résument pas à des modes éphémères, affirme Daniel Drapeau. Pour introduire une innovation dans un marché, ça prend deux ans de travail. Il faut que ça soit un succès commercial qui dure cinq, sept ou dix ans. »

Un bel exemple d’une telle innovation de rupture est le meuble vitré et permanent appelé Curio, lancé il y a deux ans, qui s’intègre à n’importe quel milieu de vie. Il est représentatif des nouveaux produits conçus pour le nouveau créneau exploité par l’entreprise. « Nous sommes allés chercher l’inspiration dans différentes expositions en Italie et, une année, nous avons remarqué quelques meubles vitrés, puis plusieurs autres encore les années suivantes. C’est ainsi que nous avons flairé la tendance. »

Cette recherche d’innovation se manifeste certes dans les produits, mais aussi dans les processus qui ont été robotisés et automatisés au fil du temps. Ceux-ci n’ont pas entraîné la suppression d’emplois, mais ont plutôt permis aux employés d’évoluer vers des postes dans lesquels le travail est moins répétitif et plus stimulant. Le nombre d’employés a d’ailleurs pratiquement triplé depuis la reprise de Miralis en 2009.

Les yeux rivés sur l’Amérique du Nord

La moitié du chiffre d’affaires de l’entreprise est réalisé au Québec et l’autre provient de l’Ontario (20 %) et des États-Unis (30 %), principalement de la côte Est. Toutefois, la croissance est plus rapide dans ces deux marchés qu’au Québec.

Même si elle souhaite continuer à se concentrer sur l’Amérique du Nord, l’équipe de Miralis réfléchit actuellement à une façon d’exporter dans d’autres marchés son savoir-faire en ce qui a trait à la marque aussi bien qu’aux processus en usine. « Nous pensons réellement que nous pouvons influencer ce secteur qui n’a pas beaucoup évolué ces dernières années. »

L’entreprise en chiffres

  • 30 : le pourcentage du chiffre d’affaires de Miralis attribué à l’innovation liée au capital, à la machinerie ou aux logiciels
  • 300 : le nombre d’employés
  • 7,4 : l’investissement en millions de dollars dans la robotisation et l’automatisation des moyens de production de l’usine
     

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