Goodfood: élaborer la recette du succès

L’histoire de Jonathan Ferrari

Vendredi 26 octobre 2018
Les deux grands-pères de Jonathan Ferrari étaient respectivement entrepreneur dans le domaine de l’impression et chef cuisinier. Cela explique peut-être en partie le désir qui l’anime depuis l’enfance : posséder sa propre entreprise dans le domaine de l’alimentation. Il a assouvi ce désir en créant Goodfood, une entreprise de repas prêts à cuisiner livrés à domicile. 

Établir ses bases

Désirant devenir entrepreneur, Jonathan Ferrari a entrepris des études en commerce et en finance à l’Université McGill. Une fois son diplôme en main, il s’est dirigé vers le milieu des grandes sociétés et travaillé pour une banque. C’est là qu’il a rencontré celui qui allait devenir son partenaire d’affaires, Neil Cuggy, aujourd’hui président et chef des opérations de Goodfood.

L’offre en ligne pour la livraison à domicile de repas était bien peu développée au début de 2010. Les deux entrepreneurs de la génération Y, qui ont toujours été de grands adeptes de l’achat en ligne, y ont vu une occasion réelle de combler un besoin au moyen d’une solution technologique. « À plus haute échelle, la problématique nous semblait liée à la chaîne d’approvisionnement alimentaire, se souvient Jonathan Ferrari. En effet, de la ferme à l’épicerie en passant par le distributeur, environ 20 % des denrées périssables finissent par être gaspillées. Nous sommes persuadés qu’il est possible d’améliorer cela. » C’est ainsi qu’en pensant à la manière de répondre à son propre besoin de consommateur pour la planification des repas que le duo a défini le concept derrière Goodfood : des recettes savoureuses et simples à préparer envoyées aux clients avec les ingrédients nécessaires, déjà mesurés et emballés. 

Savoir oser

GoodFood Plat de pâtesBeaucoup d’aspirants entrepreneurs attendent le bon moment ou un signe du destin pour se lancer. Pour Jonathan Ferrari, il s’agissait de trouver le bon partenaire. Selon lui, le choix d’un associé est « la décision la plus importante, souvent plus que l’idée en tant que telle ». L’entrepreneur et son nouvel associé ont ainsi bien réfléchi à leur idée et travaillé ensemble pendant trois ans dans le domaine de la finance avant de finalement quitter leur emploi en même temps en 2014 pour se lancer dans les affaires. 

Afin de tester le concept, les deux entrepreneurs ont utilisé l’appartement de Jonathan Ferrari, où ils rapportaient les ingrédients achetés au marché Jean-Talon pour préparer les paniers et ensuite les livrer eux-mêmes. Les vingt premiers clients n’ont pas tardé à en parler et ont contribué ainsi à la croissance fulgurante de l’entreprise naissante, qui a rapidement déménagé ses pénates dans un bureau de 185 mètres carrés (2000 pieds carrés) au marché Atwater. C’était le premier de trois déménagements en trois ans.

Faire évoluer le produit

Initialement dirigée par deux personnes, Goodfood est devenue, en moins de quatre ans, une entreprise qui emploie 700 personnes à Montréal et 100 à Calgary. Son siège social est désormais établi à Saint-Laurent, et la Chambre de commerce et d’industrie de Saint-Laurent–Mont-Royal a désigné Jonathan Ferrari personnalité d’affaires 2018. 

De ses deux emplacements stratégiques, Goodfood peut assurer la livraison des commandes dans l’est comme dans l’ouest du Canada, et ainsi penser à la croissance de l’entreprise. Après avoir consacré les premières années de Goodfood à la mise au point du produit, du service de livraison, des recettes, de l’emballage et de l’infrastructure, l’entreprise investit désormais dans sa visibilité. D’abord déployée grâce au marketing numérique, la stratégie de communication intègre depuis un an les médias traditionnels, tout en tenant compte du fait que la meilleure publicité demeure la réputation de l’entreprise. « Quand on développe un bon produit, la meilleure façon de faire croître l’entreprise est le bouche-à-oreille, précise Jonathan Ferrari. C’est notre outil marketing le plus redoutable. »

Aujourd’hui, Goodfood n’est plus seule dans son secteur, mais cela n’est pas un sujet d’inquiétude pour Jonathan Ferrari. Tout en tenant les concurrents à l’œil pour savoir ce qu’ils font, il concentre ses énergies sur le produit à développer. « Une bonne leçon pour un entrepreneur est de rester concentré sur son client. La pire chose à faire est de trop focaliser sur la concurrence : pour rester au-dessus de la mêlée, il suffit d’offrir la meilleure expérience client. » 

Croître de manière réfléchie

La croissance rapide de Goodfood apporte également son lot de défis. En effet, afin d’assurer l’expansion de son entreprise tout en restant fidèle à ses valeurs, Jonathan Ferrari porte une attention particulière aux questions de recrutement, de rétention de personnel et de communications internes. 

« Il est parfois difficile de recruter pour Goodfood, en raison de nos standards très élevés. Aussi, quand on passe de zéro à 800 employés, ce n’est pas simple de garder une culture d’entreprise constante et de s’assurer que tous les employés au pays sont sur la même longueur d’onde. Ça demande de la rigueur. » 

Malgré la grande popularité de Goodfood, Jonathan Ferrari souligne que seulement 4 % des Canadiens utilisent la formule du prêt-à-cuisiner. Comment donc inciter les 96 % qui restent à adopter la formule? C’est ce à quoi s’ingénie l’équipe, notamment en améliorant le produit actuel et en élaborant de nouvelles solutions pour le déjeuner, le lunch et le souper.

Désirer le changement

À titre d’entrepreneur, Jonathan Ferrari veut avoir un impact positif sur sa communauté. Pour ce faire, il s’attarde, entre autres, à l’aspect environnemental des emballages en développant, à l’interne, des produits réutilisables et biodégradables. « La population en général est de plus en plus sensible à l’impact environnemental des entreprises. Tout entrepreneur doit y penser à la fois d’un point de vue personnel et commercial. »

Son empreinte, Jonathan Ferrari souhaite également la laisser dans le milieu des affaires où, selon lui, les entrepreneurs ont un grand besoin de partager leurs expériences. « C’est important de créer une communauté axée sur l’entrepreneuriat parce que c’est difficile par moments. Cette voie comprend de grands hauts et de grands bas, donc il est important d’avoir le soutien de partenaires, d’une communauté pour les traverser. » L’échange permet par ailleurs de se tenir au fait des tendances et des défis surmontés par les entrepeneurs; un point important pour celui qui se dit allergique au statu quo et aux façons de faire immuables.

« J’aime le changement rapide, ce qui n’est pas le cas de tout le monde. Voir au jour le jour ce que nous sommes en train d’accomplir est merveilleux. Et pour notre équipe, c’est très gratifiant de savoir que nous avons un impact dans l’industrie et que nous contribuons à changer les habitudes alimentaires des gens. Convaincre ne serait-ce qu’une petite partie de la population de cuisiner davantage à la maison est, pour moi, une mission qui vaut tous les efforts ».

Jonathan Ferrari

L’ENTREPRISE EN CHIFFRES

89 000 : nombre d’abonnés actifs
100 millions : le chiffre d’affaires annuel atteint en moins de 4 ans
Près d’un million : le nombre de repas livrés chaque mois d’un bout à l’autre du Canada
800 : le nombre d’employés de Goodfood au Canada
21 : le nombre de nouvelles recettes originales créées chaque semaine
23 : le nombre de relations directes établies avec des fermiers au Canada

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